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Le Matin d’Abidjan, mercredi 24 octobre 2007
INTERVIEW : Humanisme, solidarité…
Marie-Dominique Melot, auteur du Roman “Le Jeu de l’Abondance”

“Les peuples du Sud seront les modèles de société de demain”

Marie-Dominique Melot est l’auteur du Roman “Le Jeu de l’Abondance”
qui vient de paraître aux éditions Vallesse. Elle est à Abidjan depuis quelques jours et procédera à la dédicace de son ouvrage le vendredi 26 octobre 2007 à la Bibliothèque Nationale au Plateau. Dans cet entretien, elle livre les clés de cette oeuvre futuriste.

Le roman est intitulé « Le Jeu de l’Abondance ». De quel jeu s’agit-il ?
Il y a deux niveaux de compréhension dans ce titre. « Le Jeu de l’Abondance » est le nom donné au jeu dont je parle dans mon livre. C’est un jeu d’argent où tout le monde gagne. J’imagine dans cette fiction qu’il se répand dans le monde entier et procure à chacun la prospérité. Son fonctionnement n’est pas décrit, car ma conviction est que nous devons inventer ce jeu. Et nous ne pourrons le faire que lorsque nous aurons compris dans quel état d’esprit il doit se vivre. Là se situe le deuxième niveau de compréhension : pour inventer un jeu où tout le monde gagne, on doit comprendre que la vie est un jeu basé sur la joie et non sur le malheur. Si on commence à voir la vie comme un jeu, alors on entre dans l’esprit d’abondance… et l’abondance nous vient. C’est toute la démonstration du livre, que je développe longuement.

Quel est le message fort que vous lancez à travers ” Le Jeu de l’Abondance” ?
Que nous créons notre réalité. Martha, en inventant le jeu, crée une nouvelle réalité, non pour elle seule mais pour l’humanité entière. Son invention va permettre à chaque être humain de retrouver l’abondance qui lui revient de droit, ce qui est déjà un immense changement, mais aussi de retrouver sa générosité naturelle, et le bonheur d’être en paix avec les autres. Quand on ne manque de rien, on n’a besoin d’agresser personne, n’est-ce pas ?

Dans le roman on a l’impression d’être à l’ère d’Adam et Eve dans le jardin d’Eden. Etes-vous de cet avis ?
Vous parlez de toute la partie du roman qui se situe dans cinq siècles, en 2598. Non, je n’ai pas voulu revenir en arrière au temps de la Bible. Ni même avant. Je pense que nous évoluerons avec moins de matière. On voit bien dans le monde d’Asquer, un monde hautement évolué, que les sciences utilisant les immenses pouvoirs de l’esprit humain nous libèrent des lourdeurs de la matière : par exemple, dans cette société, il n’y a plus de véhicules, on se déplace par la pensée. Et ce n’est pas une utopie : les scientifiques se penchent actuellement sur le sujet et les résultats sont encourageants.

A vous entendre parler, on ne peut pas s’empêcher d’affirmer qu’on est de plain pied dans le rêve.

Oui c’est un rêve ! Je vous invite à venir réaliser ce rêve avec moi. Pour que nous en fassions ensemble une réalité. La réalité n’existe que parce que nous y croyons. Nous avons l’habitude de dire « Je crois ce que je vois ». Essayez le contraire, dites : « je vois ce que je crois » et vous verrez ce qui se passera. Il y a longtemps, l’être humain a rêvé de voler dans les airs. Aujourd’hui le rêve est devenu réalité. Le processus peut prendre du temps. Comme pour une petite graine. Lorsque vous semez un grain de blé, vous récoltez un épi de 50 grains. Quand vous les ressemez, ils se multiplient à nouveau. En ce moment, nous sommes des milliers à croire à l’abondance, à vouloir que cette réalité advienne. Alors elle adviendra.

 «Nous sommes en 2598». Ainsi débute le livre. C’est donc une œuvre de fiction. En outre, elle est traversée par une grande sagesse. Quelle explication donnez-vous à ce mélange ?
Le sujet du livre est assez provoquant. Je montre que la société peut jouer au jeu de l’abondance. Je ne suis pas une universitaire. Je n’ai donc pas voulu faire un grand exposé théorique. Vous dites que c’est un livre de sagesse parce que jouer avec l’abondance, jouer avec la répartition des richesses, cela ne peut se passer n’importe comment. Des milliers d’années de culture et de civilisation ont montré que quand on s’y prend mal, cela n’engendre ni la paix, ni la joie. Il faut donc avoir un état d’esprit nouveau, ce à quoi nous appelle la sagesse des peuples depuis des milliers d’années.
 

L’héroïne du livre, Martha, qui, elle, vit à notre époque, est en quête de cette sagesse, elle a compris que nous sommes nés pour vivre la paix, la prospérité, la joie. Tous. Et tous ensemble. Alors elle découvre le moyen de créer cela. L’histoire commence en 2598 parce que tout de suite j’ai voulu entraîner le lecteur dans ce rêve que je faisais d’une société hautement évoluée.

Dans le livre, la technologie et l’industrialisation n’existent plus. L’homme se déplace par la pensée. Il communique par télépathie… Vous semblez déprécier la science et la technologie.
Je ne suis ni contre la science, ni contre la technologie. Tant qu’elle sera utile, la technologie existera. Mais le jour où elle ne servira plus, elle disparaîtra. La question que je soulève dans mon livre est : «Est-ce que ça fonctionne ?» Si la technologie maintient les 4/5 de l’humanité à la limite de la survie, nous devons la remettre en cause. Pas forcément la supprimer, mais la repenser. N’attendons pas d’aller dans le mur pour changer de cap. C’est ce que les scientifiques appellent le principe de précaution. Avons-nous besoin de toute cette souffrance pour inventer autre chose ? C’est le signe d’une société évoluée de ne pas s’accrocher à des systèmes qui ne fonctionnent plus.

La société telle que vous la décrivez dans votre livre n’est pas loin de la société africaine. Car au cœur de cette société, règnent des valeurs comme la solidarité, l’unité, le partage… Enfin de compte, vous êtes très humaniste ?
J’ai la conviction que c’est vous, les sociétés du Sud, qui allez nous apprendre la solidarité, le partage. C’est vous qui, avec vos valeurs traditionnelles multiséculaires, serez les modèles de société de demain. Nous avons en Europe, (en France, je peux vous le certifier), le désir de revenir à des communautés à taille humaine qui seront en mesure de prendre en charge leurs besoins sans dépendre de la centralisation, devenue très lourde et de moins en moins efficace. Nous avons beaucoup de choses à apprendre de vous. Je crois que nous serons de plus en plus nombreux à venir vers vous, vers l’Afrique. C’est un juste retour des choses. Dans une vie antérieure, j’ai dû vivre ici en Afrique. J’ai l’impression de revenir chez moi quand je suis ici. Vous avez énormément de choses à nous apprendre.

Vous êtes en outre Ambassadrice universelle pour la paix. En quoi cela consiste-t-il ?
Le rôle d’Ambassadrice de la paix consiste à œuvrer pour la paix dans le monde. La charte des ambassadeurs est très simple : elle demande de porter la paix dans son cœur, dans sa propre vie et dans son entourage. J’ai été cooptée ambassadrice universelle pour la paix pour la publication de mon ouvrage.

Pourquoi le choix d’une maison d’édition africaine, notamment ivoirienne?
Il y a trois raisons particulières, absolument fondamentales. Lorsque Serge Grah, responsable d’édition à Vallesse, m’a contactée par mail pour l’édition du livre, j’ai su immédiatement que c’est avec lui que je devais travailler. J’ai tout simplement écouté mon intuition. Il y a une chose qui me tient à cœur, même si je ne veux pas tenir de discours politique : c’est d’inverser un peu les relations qui prévalent dans le monde. C’est pourquoi, l’idée de travailler avec un pays du Sud m’a paru l’occasion d’inverser ces relations. L’idée de participer au développement d’une jeune maison d’édition comme Vallesse était en outre très importante pour moi. Enfin, je savais que Serge Grah avait beaucoup travaillé en tant que journaliste pour la paix dans son pays. C’est tout cela qui a déterminé mon choix et je m’en félicite car nous avons fait ensemble un excellent travail.
 

 

Réalisée par
Marcel Appena et
Kady Traoré
(stagiaire)