Biographie



Photo Bruno Frugier

 

Je fais partie de la dernière génération qui expérimente l’ombre pour connaître la lumière, la souffrance pour connaître la béatitude. La dernière ou l’avant dernière, sans aucun doute possible. Ainsi, la vie que j’ai choisi de vivre sur notre planète bleue a-t-elle commencé avec beaucoup de bruit et de fureur au sein de ma famille. Avec beaucoup de talent et d’intelligence aussi. Mon milieu d’accueil fut très contrasté et de ce fait, très enrichissant.

Aussi loin qu’il me souvienne, il y avait un feu en moi, et des certitudes célestes qu’aucune raison ne pouvait vaincre. Mais la fureur du clan familial développait en moi la peur, et l’intelligence et la culture dont il débordait m’enfermait dans le conventionnalisme : c’était si rassurant d’adhérer à tant de savoir brillant !

Le combat a donc commencé très tôt : cauchemars, angoisses, peurs, timidité. Et aussi, audace, orgueil, gentillesse, dévouement.

J’expérimentais la dualité ! Parfois ma voix intérieure me jouait des tours. Ainsi ce dîner vécu à l’âge de 8 ans et à jamais gravé dans ma mémoire : notre conversation familiale tournait autour des planètes et du cosmos, et soudain, mon imagination me montra comme tout cela était minuscule, et mon dos de petite fille vint bloquer contre les confins de l’Univers : « je veux sortir, c’est trop petit ! », ai-je hurlé tout bas. Devant mon potage étoilé, je vécus une crise de claustrophobie invisible et écrasante !

A dix ans, je voulais être infirmière de vaches. A 16 ans, passionnée par le monde intérieur de l’être humain, je commence à m’intéresser à la psychologie, seule voie, à cette époque, conduisant à l’âme. J’ai soif de savoirs, soif de réponses. En tout : je veux tout comprendre.

Mais l’amour (ou ce que je crois tel) arrive, et le mari, et les enfants. Je crois que c’est LA réponse à tous mes questionnements, je crois que je me pose enfin pour toujours, c’est mon illusion rassurante. Sur nos trois filles, celle du milieu nous quitte à un mois et demi. Choc de vie et de mort, dure leçon que je me donne à l’époque pour entendre ma voix intérieure, je le comprendrais beaucoup plus tard. Mon mariage n’y survit pas.

Le feu brûle toujours en moi. Je cherche, je cherche. Curieusement, ce sont toujours les savoirs marginaux, en lisière, qui m’attirent. J’accumule des diamants de connaissances non-conformistes qui me gonflent la poitrine de bonheur. Je ne sais pas encore que je suis en train de faire connaissance avec ma divinité.

Les bruits du monde m’attirent encore aussi, et j’ai des expériences à y faire. Je choisis, dans le doute et l’enthousiasme, d’utiliser mes connaissances en psychologie pour m’occuper des relations humaines en entreprises. C’est la grande époque, les années 80, de la qualité dans la vie professionnelle. Les salariés doivent être heureux au travail. Malgré ma dualité permanente, je me convaincs que ce que j’ai à dire, ce que j’ai envie de dire, et qui parle déjà de l’esprit, peut être dit dans le cadre conventionnel du monde du travail. Audace et tremblement. J’habille le petit Prince qui est en moi du costume trois-pièces-attaché-case de la femme d’affaire. Je souffre de ce déchirement intérieur…et persiste. Le résultat n’est pas si mauvais d’ailleurs : les salariés qui suivent mes séminaires aiment beaucoup ce que je dis : je mets déjà de la lumière dans mes paroles, même si c’est encore timoré, même si les esprits ne sont pas encore tout à fait prêts.

Mais ma voix intérieure se fait de plus en plus forte au fur et à mesure que les années passent. Ma collecte de diamants de sagesse se fait elle aussi de plus en plus aisément : le monde bouge, la lumière arrive, mais je n’en suis pas consciente, toute occupée que je suis à mes propres tempêtes intérieures, nées de l’insatisfaction de ne pas oser choisir.

Arrive le moment où tant pis pour le danger, tant pis pour les bien-pensants, je retrouve intacte mon audace, après avoir mené pendant quinze ans un fort parcours spirituel. Les clés que me donne l’air ambiant de ces dix dernières années, mon intuition pour trouver les lectures qui me procurent des moments de béatitude totale, ont raison de mes timidités, de mes doutes, de mes peurs : au diable le conformisme ! J’ai trop envie de vivre, de penser, de parler en venant de ma vérité ! J’ai envie d’aspirer l’air à pleins poumons, d’être libre, et de laisser sortir de moi Qui je suis.

J’écoute enfin sans fin la puissante Déesse qui me parle depuis mon enfance : j’ai appris à monter le son dans le silence et ma solitude a été habitée par Elle. Me voici rendue à moi-même. Comment ne pas avoir foi en tant de grandeur, tant d’amour ? Je tombe dans ses bras et elle me dit son nom : Abondance.

Bonjour moi.
Nous sommes en 2005 et j’écris « Le Jeu de l’Abondance ».